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DES VENTS PORTEURS

Comment mobiliser (enfin)  pour la planète

Thierry Libaert, Editions le Pommier, 2020

Thierry Libaert est spécialiste de la communication, à la fois universitaire et conseiller et membre de nombreux cabinets et commissions. Il a donc une excellente vision de la difficulté majeure qu’ont les politiques environnementales à influer sur la société.  Dans son ouvrage «  Des vents porteurs » , il commence par décrypter , action par action, les causes d’une communication défaillante.

Dans le premier chapitre « Des alertes que personne n’entend », il nous rappelle toutes les rapports qui depuis les années 1970 alertent sur l’urgence de la crise climatique « comment un diagnostic , suivi de propositions simples , n’a-t-il jamais été suivi d’effets ? ».

Le second chapitre « L’erreur originelle » revient sur tous les sondages qui disent que la majorité de la population est prête à changer de comportement, pour nous montrer qu’il y a loin des intentions à la réalité des comportements « tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut descendre les poubelles «.

Le troisième chapitre « Tous schizophrènes » poursuit autour de la même idée « le produit respectueux de l’environnement se retrouve en queue de palmarès, malgré les merveilleuses déclarations d’intention de départ »

Dans le quatrième chapitre « La jeunesse sauvera le monde et autres sornettes », l’auteur nous invite à ne pas nous bercer d’illusions « Les jeunes sont inquiets du dérèglement climatique , ils s’engagent et se mobilisent davantage. Mais si on observe les comportements tangibles, ils ressortent comme très éloignés de la représentation médiatique d’une jeunesse  unie , mobilisée, en position d’être le rempart ultime contre le dérèglement climatique. »

Le cinquième chapitre « Un imaginaire de croissance » fait le constat d’un récit  ultra majoritaire sur la croissance portée par la publicité «  Si nous recevons au jour le jour quatre à cinq messages d’écoresponsabilité, la publicité nous en adresse plus d’un millier »

Le sixième chapitre « L’inefficacité de la sensibilisation environnementale » nous illustre  « la difficulté psychologique à affronter les problèmes et d’abord les reconnaitre comme tels » .

Le septième chapitre « La communication climatique en question » analyse la difficulté du GIEC à faire passer les messages face à des climatos sceptiques bien organisés. Le propos est bien résumé par la phrase reprise de de Sylvestre Huet « entre un message simple et une vérité compliquée à démontrer , c’est le menteur qui l’emporte » .

Le huitième chapitre « Ce que certains évènements nous apprennent » tire les enseignements de plusieurs démarches auxquelles l’auteur a participé : la lutte contre l’obsolescence programmée, le cas de l’aéroport Notre Dame des Landes, la Covid 19 .

Les 8 premiers chapitres sont plutôt des constats d’échecs, même si l’on voit ça ou là des cas de communication qui ont fait bouger les choses. Pour Thierry Libaert , il ne faut pas pour autant baisser les bras. Le dernier chapitre « Et maintenant, on fait quoi? » trace des pistes pour une communication qui fait vraiment bouger les lignes : ne pas faire peur, s’inspirer des armes adverses, bien nommer le problème avant d’essayer de le résoudre, valoriser fortement les actions qui vont dans le bon sens, utiliser les « nudges » tout en étant conscient des limites, réduire la distance psychologique , améliorer la visualisation des enjeux , faire le lien avec nos actes, réhabiliter le discours scientifique, et surtout construire un nouveau récit «  c’est ce rêve, ce futur souhaitable et possible, une nouvelle utopie que nous devons collectivement écrire »

Dans un monde ou « La communication est la seule fonction sur laquelle tout le monde se sent en droit de s’exprimer », cela fait du bien d’écouter l’expert en communication nous faire part de son expérience à la fois universitaire et très concrète au contact des politiques pour nous mettre sur le chemin « des vents porteurs »