Éoliennes, pourquoi tant de haine ?
Cédric Philibert, Editions les petits matins, 2023
Cédric Philibert est chercheur associé à l’IFRI après avoir passé une vingtaine d’années au sein de l’Agence Internationale de l’Énergie. Son ouvrage a pour objectif de «déconstruire les principales contrevérités propagées au sujet des énergies renouvelables et des éoliennes en particulier». En effet, il constate que l’éolien est en butte à «une vaste entreprise de désinformation, une coalition d’intérêts disparates, certains économiques, d’autres purement politiques, d’une puissance redoutable et disposant de relais médiatiques colossaux».
Après avoir explicité la nécessité absolue de l’éolien pour lutter contre le réchauffement climatique, montré les progrès des éoliennes et leur compétitivité (on découvre que l’éolien est même une «vache à lait» pour le gouvernement grâce à la taxation des superprofits éoliens), Cédric Philibert analyse la question de l’intermittence qui fait dire à beaucoup que le nucléaire est une meilleure solution pour répondre au besoin massif d’électrification qu’impose le «Zéro Émission Nette». Il argumente sa conclusion «La stabilité d’un réseau uniquement basé sur le solaire et l’éolien est un problème, oui, mais un problème déjà résolu. Il ne manque qu’une démonstration à très grande échelle» et met en perspective les risques et le coût du nucléaire «pour RTE et l’AIE, il n’y a aucun doute, le mégawattheure éolien ou solaire est et restera moins cher que celui du nucléaire neuf».
Il consacre ensuite un chapitre – peut être un peu trop rapide- aux nuisances de l’éolien et finit par un balayage de toutes les autres solutions de la transition énergétique (économiser l’énergie, promouvoir la sobriété, arrêter la croissance, tout faire avec le solaire, utiliser chaleur solaire et géothermie, mettre les éoliennes en mer, utiliser massivement l’hydrogène, capter et stocker le CO2 …), pour conclure que le développement de l’éolien terrestre est indispensable car « nous ne pouvons attendre 15 ans pour retrouver une production domestique d’électricité bas carbone suffisante pour fortement réduire notre dépendance énergétique à l’égard du gaz qui va durablement manquer en Europe» .
Un ouvrage utile, même si le ton de l’auteur, parfois aussi polémique que les opposants dont il souhaite déconstruire les contrevérités, nuit un peu à la démonstration.