J’ai eu le plaisir de faire connaissance de Jean lors d’un colloque à San Sebastien dans lequel nous intervenions ensemble. Il était alors directeur général du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne et je m’attendais à un discours classique, selon l’idée que je me faisais d’un discours de banquier. Or j’ai rencontré ce jour-là quelqu’un qui « parlait humain » et qui préférait « les mots vigoureux et pittoresques au langage fade et policé habituellement d’usage ».
Je l’ai ensuite côtoyé à plusieurs reprises et ai pu constater la cohérence entre le discours et l’action qu’il a menée pour faire évoluer le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne vers une banque nouvelle qu’il appelle « propulsive, car elle pousse des idées, des actions, des filières parce qu’en inventant des services nouveaux, elle accélère la transition vers des modes de production et de consommation plus respectueux de l’homme et de l’environnement ». Autrement dit, depuis 13 ans, Jean Philippe n’a eu de cesse de mettre la capacité financière de la banque qu’il dirigeait au service du développement durable du territoire.
Et pour cela, il a fallu innover et mettre toute l’organisation dans une posture « d’innovation joyeuse ». C’est l’objet de l’ouvrage.
Et c’est là qu’intervient le calamar. Le calamar intéresse depuis longtemps Jean Philippe et particulièrement le calamar géant, monstre des profondeurs, que l’on retrouve dans la littérature ( cf Jules Verne entre autres) et que l’on connait scientifiquement depuis peu. En ouverture de son livre, il nous raconte donc une histoire, celle de Txipio, le calamar qui voulait rester dans la routine du banc de calamars de surface, banc qui se faisait régulièrement décimer par le cachalot sans vraiment essayer de trouver des solutions innovantes. Txipio décide de sortir du cadre et s’enfoncer dans les grandes profondeurs, ou il devint beaucoup plus agile, plus vigilant, plus fort…au point d’être capable de résister au cachalot qui voulait le dévorer. A travers cette fable, l’auteur a souhaité imager les points sur l’innovation qu’il détaille dans la suite de l’ouvrage.
La suite, c’est en effet une réflexion passionnante, nourrie de son expérience, sur la manière de mettre en place cette « innovation joyeuse » qui rend l’entreprise à la fois plus performante et plus responsable. Les sous titres parlent d’eux même : transformer le climat, libérer l’audace, rompre les carapaces, tomber les cloisons, s’ouvrir à la fantaisie, innover dans l’organisation, penser en jeunes pousses, innover par plaisir…..
Et l’ouvrage se termine par une description des actions concrètes mises en place au sein du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne.
Style clair, ton incisif, idées décapantes (pourquoi ne pas créer le métier de « bouffon » dans les entreprises ?), c’est le livre à lire par tous ceux qui ont compris que dans le monde complexe dans lequel nous vivons, il était beaucoup plus sûr de s’appuyer sur une organisation innovante et réactive très proche du client et de la demande sociétale, que sur des stratégies à long terme et une organisation hiérarchique.