« Lorsque nous serons affranchis des histoires héroïques que les technologues racontent aux non-initiés pour présenter leur travail, alors pourrons – nous probablement mieux saisir le fonctionnement des technologies, leur impact civique, ainsi que la manière de les réformer et réguler ». Cette phrase de Morozov citée dans le livre résume bien l’ambition de Thierry Venin.
Il souhaite sortir de la fascination béate que beaucoup ont vis-à-vis des Technologies de l’Information et de la Communication, les TIC, pour se poser la question de comment utiliser les TIC au service de l’homme dans l’entreprise et dans la vie quotidienne.
Pour cela, il s’appuie sur une expérience de directeur d’une agence d’ingénierie informatique publique et de chercheur en sociologie.
Il nous emmène dans une visite de la face cachée des TIC : dépendance grandissante aux outils numériques « même votre grille-pain peut avoir une adresse IP » , le renforcement de l’idéologie gestionnaire « les multinationales et les grandes institutions financières se confortent pour assurer une gestion mondiale sans gouvernement mondial », et l’asservissement de l’homme à la machine « l’homme doit se mettre au niveau de la machine , se plier à un système impersonnel ou les lois financières du marché deviennent des fatalités auxquelles il faut concourir sauf à devenir l’objet d’une brutale éviction » .
Dans une deuxième partie, il analyse plus en détail le fait que « la part prise par les TIC dans la pandémie de stress au travail est grande » et nous livre les « 24 pièges dans la jungle ». Car « à trop se laisser bercer par les illusions du monde technico- financier numérisé, il y a fort à parier que l’informatique en nuages se transforme bientôt en travailleurs dans le brouillard »
Le message de fond de cet ouvrage, c’est l’enjeu de gouvernance : fasciné par la technologie, l’homme est en train de se laisser complétement gouverner par celle-ci. Il est temps pour lui de reprendre la main.