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LE GRAND LIVRE DE L’APPRECIATIVE INQUIRY

Concepts, méthodes et applications

Sous la coordination de Jean-Christophe Barralis et Sandy Proust, Inter éditions, 2021

L’Appreciative Inquiry (AI), que les auteurs traduisent en français par Exploration Appreciative est une méthode développée dans les années 80 par deux chercheurs de la Case Western Reserve University de Cleveland, David Cooperrider et Ron Fry. Travaillant pour aider les organisations à s’améliorer (en particulier un établissement de santé voisin), ils se rendent compte qu’il est beaucoup plus fructueux de ne pas se focaliser sur les problèmes, mais de regarder ce qui donne vie à un système. En effet « chaque entreprise, homme, système a quelque chose qui fonctionne bien, qui lui donne vie, efficacité et assure ses réussites ». Ils ont ainsi développé une méthode dont le socle se composent des conversations, dans lesquelles sont posées des questions délibérément positives (exploration appréciative).  Avec pour objectif de « rechercher les ressources, les réussites, les expériences positives dans chacun, dans l’organisation et/ou l’environnement » de façon à pouvoir s’appuyer sur ces expériences positives pour faire évoluer l’organisation.

La démarche AI est structurée autour de 5 étapes (les 5D) :

  • Définition : formulation du projet positif par les commanditaires du projet qui doivent « porter leur attention sur ce qui fonctionne afin de l’amplifier pour atteindre le futur désiré »,
  • Découverte : exploration et consolidation des forces de l’organisation avec les commanditaires et un groupe projet. C’est dans cette phase qu’interviennent les entretiens d’exploration appréciative qui permettent de définir le « socle positif sur lequel s’appuie le reste de la démarche,
  • Devenir : dessin du futur désiré. Il s’agit de créer une image la plus positive possible du futur de façon à dynamiser motivation et engagement.

A partir de là, les deux phases suivantes sont classiques et se retrouvent dans toute démarche de progrès :

  • Design : élaboration et choix de chantiers pour faire vivre le futur désiré,
  • Déploiement : mise en œuvre des actions concrètes.

L’ouvrage donne une multiplicité d’exemples d’utilisation de l’AI sous forme de chapitres rédigés par les quelques 40 consultants praticiens de l’AI qui ont co rédigé l’ouvrage. Ces chapitres couvrent les différents aspects du fonctionnement des organisations (management, recrutement, efficacité opérationnelle, communication…), en couvrant aussi bien les entreprises que les professionnels du soin ou les collectivités territoriales. Plusieurs chapitres sont consacrés à la sphère personnelle (couple, relations parents-adolescents), à l’éducation et l’enseignement, et à la vie politique dans la Cité ou à la transition écologique.

De la lecture de tous ces exemples, je retiens que ce qui différencie l’Appréciative Inquiry d’autres méthodes d’accompagnement du changement, c’est principalement la posture  exprimée par les phrases suivantes extraites de l’ouvrage : « l’AI organise donc délibérément un dialogue interne déséquilibré en faveur du positif dans les organisations », « promouvoir une posture appréciative permettant à chacun de trouver ce léger déséquilibre positif entre la réflexion et la mise en action qui pousse à croire que tout est possible ».

A ceux qui pourraient penser qu’il s’agit d’une méthode de « bisounours » non applicable dans les périodes de crise (l’ouvrage a été écrit pendant la pandémie de Covid), Ron Fry et David Cooperrider répondent dans un texte cité par Ron Fry dans l’introduction

« Ce que nous voulons signaler ici, c’est que l’AI ne consiste pas à être ou à penser positivement ou négativement. Son propos est de transcender cette polarité. Elle n’oppose pas l’expérience positive à l’expérience négative, mais fait le choix d’enquêter au cœur de ce qui fait la vie. La tâche de l’AI est la recherche minutieuse et profonde de ce qui donne vie, de ce qui alimente le potentiel de développement et de ce qui a sens, même au milieu du tragique.

Dans les nombreux temps de grande ruptures, il y a toujours un potentiel radicalement accru pour développer le meilleur de notre humanité. Tout comme un brin d’herbe peut s’épanouir en trouvant son chemin malgré une épaisse couche de goudron, le meilleur peut toujours surgir des systèmes humains ».