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LE PLUS GRAND DEFI DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

Aurélien Barrau, Editions Michel Lafon, 2020

Quelques jours après la démission fracassante de Nicolas Hulot de son poste de ministre, Aurélien Barrau et Juliette Binoche avaient rassemblé 200 personnalités (scientifiques, artistes, journalistes, …) pour lancer un appel à travers une tribune du journal le Monde (3 septembre 2018). Le message était clair « Face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux ».

Le message semble d’avoir du mal à passer : « Il faudrait s’engager avec ferveur mais à l’inverse, on observe une incroyable levée de bouclier des forces de réaction ».

Le petit ouvrage publié en 2019 et révisé en 2020 par Aurélien Barrau est dans droite ligne de l’appel de 2018 et enfonce le clou : « en tant que citoyen, je pense fermement qu’il est vital de porter par tous les moyens possibles la question cruciale ici évoquée au cœur du débat public et au centre de l’action politique ».

Les deux premiers chapitres « le constat » et « des ébauches d’évolution simples et urgentes » sont des excellentes synthèses qui n’apprendront pas grand-chose à ceux qui s’intéressent au sujet. Dans le troisième chapitre, l’auteur se penche sur la révolution écologique nécessaire : « n’ayons pas peur d’une véritable révolution, rien ne serait plus irrationnel et suicidaire que la poursuite d’un être-au-monde qui manifestement, nie le monde ».

Le chapitre suivant propose des réponses succinctes aux nombreuses questions qui sont régulièrement posées à l’auteur, réponses rédigées avec humilité et en faisant apparaitre à la fois les postures philosophiques de l’auteur et ses doutes sur le chemin pratique pour faire bouger les choses.

Dans le cinquième chapitre « que se passe-t-il maintenant », Aurélien Barrau introduit la notion d’« activisme fractal » qui parlera à tous ceux qui se demandent comment agir. « L’activisme fractal ne signifie pas que chacun doive instantanément se battre sur tous les fronts. C’est impossible. Et ce n’est sans doute pas souhaitable : il faut conserver un peu de folie, s’autoriser un peu d’incohérence, s’obliger à un peu d’errance, adapter les engagements aux compétences et les actions aux appétences. Il s’agit plutôt d’ouvrir une structure gigogne de possibles. Il s’agit de rappeler que la question de la vie se déploie partout ». Il conclut son chapitre par une liste d’actions possibles dans les différentes dimensions de l’activisme fractal (politique, économique, éthique, symbolique, psychologique, technique… et poétique).

Au moment où « fleurissent partout le repliement identitaire, la crainte de l’étranger et de l’étrangeté, la peur de l’altérité, la folie consumériste et technocratique, le désir simultané de soutenir les libertés prédatrices et d’endiguer les libertés émancipatrices », l’auteur conclut sur le fait qu’il ne nous reste que le choix d’être poète. En effet, « si le poète est celui qui sait entrevoir ce qui n’avait pas encore été imaginé, qui sait que l’existant s’invente en même temps qu’il se découvre, l’avenir sera poétique ou ne sera pas ».

Un petit livre à l’écriture très fluide qui se lit très vite. Ecrit non pas par un astrophysicien mais par un citoyen et honnête homme qui lance une « supplique aux pouvoirs publics : ne pas considérer l’écologie comme la priorité majeure de ce temps relève du « crime contre l’avenir » ».