Alors que le réchauffement climatique se manifeste par un nombre croissant de signaux, comment se fait-il que la plupart d'entre nous reconnaissent la réalité du changement climatique, mais ne font rien pour le ralentir ? Autrement dit, par quels leviers psychologiques, parvient-on à admettre une réalité sans agir ? C’est la base du questionnement de George Marshall , activiste américain travaillant depuis 30 ans sur le sujet du changement climatique et de la communication autour du sujet – il a fondé le Réseau d’information et de sensibilisation sur le climat (Climate Outreach and Information Network) à Oxford, en Angleterre.
Pour répondre à la question « Pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique ? », George Marshall est allé à la rencontre de personnalités de tous horizons : psychologues célèbres, militants du Tea Party texan, scientifiques reconnus, climato-sceptiques, écologistes progressistes et conservateurs. Il n’a pas hésité à aller au contact de ses adversaires les plus résolus pour comprendre pourquoi eux pensent comme ils pensent.
Les enseignements tirés de ces rencontres sont traduits dans des petits chapitres courts et incisifs (le livre a 42 chapitres) qui progressivement construisent un panorama des freins psychologiques et des réactions typiques face au changement climatique ( « nous verrons cela un autre jour », « jugés par nos pairs », « les deux cerveaux », « assimilé mais inimaginable », « n’en parlez même pas » ….sont quelques-uns des titres des chapitres).
Ce qui ressort de ce voyage au cœur des réactions psychologiques autour du changement climatique, c’est qu’il est tout à fait possible aux « écologistes » de gagner à la cause climatique ceux qui sont considérés comme les adversaires ( les climat-sceptiques) sans renier leurs valeurs ni leurs objectifs , ni leur demander de se renier eux-mêmes. Il faut juste trouver des codes que le camp d’en face puisse s’approprier. Il faut bâtir un autre récit.
On trouvera dans cet ouvrage de nombreuses pistes pour construire une communication adaptée, y compris en s’inspirant des méthodes utilisées dans les églises américaines les plus « performantes ».
Un ouvrage original car il ne parle absolument pas des aspects techniques du changement climatique et se focalise sur les ressorts psychologiques et les aspects sociologiques.
« Le changement climatique n’appartient pas aux écologistes ; ce n’est même pas une question environnementale. Bien sûr, il s’inscrit dans le cadre des préoccupations et incidences sur l’environnement, mais il le dépasse de très loin. Dès que nous le plaçons dans une catégorie, nous limitons la compréhension du problème.
Il est évident que les écologistes peuvent en parler autant qu’ils veulent sur leurs propres réseaux mais, pour attirer davantage l’attention et bénéficier d’une meilleure couverture médiatique, je vous le dis, laissez tomber tous les accessoires écolos, notamment les ours polaires, les « Sauvons la planète » et tout autre élément de langage qui cantonne le changement climatique au domaine culturel exclusif de l’écologie.
Par-dessus tout, il nous faudra combler le fossé partisan entre la gauche et la droite en ouvrant le changement climatique aux cadrages conservateurs et en leur permettant de s’approprier la question.
Il est essentiel pour cela d’affirmer des valeurs plus universelles, qui, des expériences l’ont montré, rendent les populations bien plus disposées à accepter des informations qui remettent en cause leur vision du monde. Les communicants devront ainsi inverser le courant qui transforme les données scientifiques en valeurs, et commencer par comprendre et valider les valeurs, puis trouver des façons de les faire dialoguer avec la problématique du changement climatique. »