Fabrice Nicolino, journaliste de Charlie Hebdo venait de terminer cet ouvrage quand il a été gravement blessé lors de l’attentat de janvier 2015.
Le titre définit bien l’ouvrage : à travers cette « lettre » à un vieux paysan de 90 ans qui a vu toutes les transformations de l’agriculture , il parcourt l’histoire du développement de l’agriculture industrielle en mettant bien en évidence ses dérives : la mainmise de grandes firmes industrielles sur l’agriculture, le recours incontrôlé à la chimie, des politiques productivistes désastreuses pour les paysans et leurs terres….
Il ne faut pas attendre de ce petit ouvrage une analyse très détaillée. C’est plutôt un « coup de gueule », très bien documenté et plein d’anecdotes significatives, qui met bien en perspective une évolution que l’auteur considère comme mortifère et conduisant à un désastre planétaire.
Le style est percutant, avec des formules chocs du style « La FNSEA , syndic de liquidation de la paysannerie » . Et le constat est sans appel : il faut radicalement changer de système.
Ce qui a été fait peut-il être défait ? Oui, jurent quelques siphonnés, dont je suis, ( ) conclut-il. Pour les besoins d’un projet industriel amoral, on a vidé? des milliers de villages et rempli les banlieues de millions de prolétaires, dont beaucoup devenus des chômeurs perpétuels. (…) Mon vieux Raymond, (…) ne me dis surtout pas que tu ne regrettes rien. Moi, si. Une autre histoire était possible. Un autre monde reste a? construire. »
En fermant ce livre, on peut regretter que Fabrice Nicolino n’ait abordé que de manière très rapide les alternatives qui commencent à se développer un peu partout. Et qu’il n’ait pas montré les contours de cet autre monde agricole qui reste à construire.