« Un mythe est un récit tenu pour vrai par ceux qui le transmettent, mais rapportant des faits beaucoup trop improbables, si ce n’est surnaturels pour décrire un monde vraisemblable », nous dit Benoit Heilbrunn dans « Ce que nous cache le mythe du pouvoir d’achat ».
Si le pouvoir d’achat est un mythe, de nombreuses autres expressions utilisées dans les discours politiques actuels relèvent aussi de cette catégorie. Le plus tenace, mais aussi celui qui nous impacte le plus, c’est le mythe de la croissance. Après avoir proposé de travailler sur « Prospérité sans croissance » en 2010, Tim Jackson revient sur ce mythe de la croissance avec une approche plus philosophique dans son livre Post Croissance.
La « Théorie du Donut » de Kate Raworth est l’occasion pour l’auteur de déconstruire plusieurs mythes, dont celui de la croissance, mais aussi de proposer « sept manières de penser en économiste du 21ième siècle, en révélant chaque fois l’image erronée qui occupait notre esprit ».
Les discours publics sont remplis d’innovation. Mais n’est-on pas là aussi devant un mythe à déconstruire ? C’est ce que nous dit Franck Aggeri dans « L’innovation mais pour quoi faire ? » dont la conclusion est qu’il faut « changer nos cadres cognitifs, c’est-à-dire nos modes de penser, de voir et d’agir » et « s’affranchir des objectifs et des indicateurs de croissance ».
En lisant tous ces ouvrages, on se rend compte de la puissance des mythes, dont celui de la croissance, dans lesquels nous vivons. Pour bifurquer, peut-être faudrait-il plutôt parler de puissance d’agir que de pouvoir d’achat, de stabilité plutôt que de croissance, ou de progrès humain plutôt que d’innovation.