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OFFSHORE

Dans les coulisses édifiantes des paradis fiscaux

Renaud Van Ruymbeke, Editions Les liens qui Libèrent, 2022  

« Pendant plus de vingt ans, j’ai exploré les méandres [de la finance offshore], en instruisant des affaires financières d’envergure, en me heurtant à la difficulté, parfois insurmontable, de retracer les circuits opaques empruntés clandestinement par l’argent de la corruption internationale ». Depuis son poste de juge d’instruction au parquet financier de Paris, Renaud Van Ruymbeke était effectivement très bien placé pour analyser la manière dont est organisée l’évasion fiscale et les circuits de l’argent de la corruption. Il a été en charge de plusieurs gros dossiers financiers impliquant des politiques : l’affaire URBA, l’affaire des Frégates de Taiwan, l’affaire Elf.

Libéré de son devoir de réserve, car à la retraite, il livre avec l’ouvrage « Offshore », à la fois des témoignages de première main sur les paradis fiscaux et sur la manière dont ils sont utilisés pour l’évasion fiscale, ou le blanchiment d’argent d’activités illégales et une réflexion, parfois désabusée, sur l’hypocrisie des Etats qui, malgré les grandes déclarations politiques, n’agissent pas vraiment pour mettre les paradis fiscaux « hors d’état de nuire ».

Quand on réalise que l’Etat du Delaware aux Etats Unis, ou la City de Londres sont des paradis fiscaux depuis longtemps et que Dubaï est une place montante de la finance offshore, il apparait clairement que « le chemin pour y parvenir sera long ». Car, constate l’auteur, malgré les fuites d’information (Panama Papers, Paradise Papers, Dubaï Papers…) qui ont permis au grand public de découvrir l’ampleur des utilisateurs de paradis fiscaux, et « en dépit des effets d’annonce du G20, les paradis fiscaux sont toujours aussi prospères ».

Un livre témoignage important pour bien comprendre les mécanismes de la finance offshore et se rendre compte de l’hypocrisie des Etats qui pour ne pas pénaliser les plus riches laissent partir des sommes énormes qui seraient bien utiles pour financer la transition écologique et sociétale.

« Au lieu de se recroqueviller et d’accueillir complaisamment l’argent en provenance d’investisseurs étrangers sans s’interroger sur l’origine des fonds et sans lever la confidentialité des transactions financières au nom du secret bancaire, les Etats devraient dialoguer et échanger les informations qu’ils détiennent afin d’éradiquer le blanchiment et récupérer les fonds dont ils sont spoliés », résume l’auteur.