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Perdre la terre

« Perdre la terre », c’est l’histoire d’une occasion manquée.

En 1979, à peu près tout ce que nous comprenons à l’heure actuelle du réchauffement climatique était déjà compris. « Toutes les conversations ou presque que nous pouvons avoir en 2019 au sujet du changement climatique, on les entendait déjà en 1979 ». Les spécialistes, loin de se disputer sur l'établissement des faits, travaillaient à en affiner les conséquences. En 1979, le président américain, Jimmy Carter, installait des panneaux solaires sur le toit de la Maison-Blanche. Exxon, grande entreprise pétrolière, s’appuyait sur des scientifiques pour évaluer « l’ampleur de la crise » afin de trouver des alternatives à l’utilisation des énergies fossiles.

Dans la décennie 1979-1989, les efforts de plusieurs lanceurs d’alerte, les intérêts parfois concordants, souvent contradictoires, y compris de l’industrie pétrolière ont construit un consensus qui a failli aboutir à un accord mondial sur le climat contraignant.  En effet, le 6 novembre 1989, à Noordwijk une station balnéaire des Pays-Bas, plus de 60 nations étaient représentées lors du premier sommet international sur le climat. La proposition d’un gel immédiat des émissions de carbone, puis d’une réduction de 20 % à l’horizon 2005, « bénéficiait d’un large soutien ». Mais les États-Unis ont soudainement refusé de signer.  Pour ceux qui avaient activement travaillé à promouvoir l’idée d’un accord mondial contraignant, «   une décennie de progrès pénibles et douloureux, mais exaltants venait ainsi de partir en fumée ».

 

« Perdre la Terre », c’est cette occasion manquée racontée par Nathaniel Rich sur la base d’une enquête minutieuse et plus de cent interviews : une décennie de débats et de négociations sur le climat avec les cris d’alarme, les silences coupables, les atermoiements de conscience, la force de l’inertie et, finalement, les renoncements.

 

Et dans l’épilogue, l’auteur nous fait partager ses réflexions sur notre aveuglement et notre déni face à une menace climatique de plus en plus évidente et met en exergue « une dimension de cette crise qui, jusqu’ici brille par son absence : la dimension morale – autrement dit le nœud du problème ».  Il nous faut comprendre que « lorsque nous parlons de normes d’efficacité énergétique, de taxes sur l’essence ou de torchage du méthane, ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que tout ce que nous aimons et tout ce que nous sommes »