Clément Osé, Noémie Calais,
Tana Éditions, 2022
Clément Osé et Noémie Calais sont tous les deux anciens élèves de Sciences Po. Et tous les deux ont bifurqué : Clément s’est installé dans une ferme collective et radicalement décroissante, Noémie s’est installée comme éleveuse de porcs dans le Gers.
C’est l’expérience de Noémie qu’ils racontent dans cet ouvrage écrit à 4 mains : Clément joue le rôle de biographe et d’observateur – le livre est illustré par les photos de Clément- et Noémie livre les réflexions brutes issues de son journal personnel.
Il en ressort un livre passionnant où l’on découvre la difficulté pour les jeunes de s’installer, la dureté du métier d’éleveur (on suit Noémie s’occuper de la mise bas de ses truies, emmener ses bêtes à l’abattoir, faire elle-même la découpe de la viande de ses porcs, vendre ses produits sur les marchés), les réactions misogyne de certains , la complexité de la réglementation sanitaire qui peut mener à des absurdités….
Et à travers les réflexions de Noémie, on retrouve le mal-être global du monde paysan : «si ce n’est pour rien gagner, pourquoi travailler » ; « Je n’ai plus l’impression de nourrir, j’ai l’impression de produire » ; « L’insidieuse dynamique de substitution de l’industrie à la paysannerie » ; « défendre la terre contre la cupidité qui la souille ».
Malgré toutes les difficultés, Noémie n’a toutefois pas l’intention de revenir en arrière :«nous les paysans, nous avons cette chance rare et précieuse d’exercer chaque jour notre œil à la beauté du dehors, de tâter le pouls de la nature en mutation, de toucher du doigt l’harmonie du paysage, et de nous enivrer de ciel et d’étoiles »
Un livre plein d’espoir qui appelle à «retisser le lien indispensable entre les paysans et ceux qu’ils nourrissent »