Dépasser notre impuissance collective
Camille Etienne, Editions du seuil, 2023
Camille Etienne a grandi à Peisey-Nancroix, village savoyard d’altitude aux portes du Parc National de la Vanoise, d’où elle voyait les neiges éternelles progressivement disparaitre. « J’avais 10 ans quand j’ai compris que le dérèglement climatique façonnait mon univers entier et toutes mes histoires de famille ». Fille d’un guide de haute montagne et d’une grande sportive, elle apprend l’endurance, l’abnégation dans l’effort avec les compétitions de biathlon.
Et puis c’est la transplantation dans un monde complètement différent quand elle arrive à Sciences Po Paris ou elle finit un master d’Economie avant de s’engager complétement dans l’action militante et devenir très médiatique, en particulier grâce au clip « Réveillons Nous » sorti en 2020.
Dans ce qui est son premier ouvrage (écrit à 24ans), Camille Etienne veut nous faire partager sa conviction qu’il nous faut « nous défaire de notre prétendue impuissance face au plus grand défi de l’humanité… le soulèvement écologique est vital et possible ».
Pour ce faire, elle convoque de multiples penseurs et scientifiques à commencer par Georges Sand qui disait en 1872 : « la planète est assez vaste et assez riche pour le nombre de ses habitants ; mais il y a un grand péril en la demeure, c’est que les appétits de l’homme sont devenus des besoins impérieux que rien n’enchaine, et que si ces besoins ne s’imposent pas, dans un temps donné, une certaine limite, il n’y aura plus de proportion entre la demande de l’homme et la production de la planète ».
Elle nous partage aussi certaines de ses expériences, comme la manifestation de 35 000 personnes réunies au printemps 2021 à Lützerath, en Allemagne, pour s’opposer au maintien de la plus grande mine de charbon au monde. « Nous avons résisté. Sans violence mais avec la force immense et collective de sentir que nous étions à notre place, que nous étions cette nature qui se défend. C’était un bref instant de paix dans le chaos du monde. Cette journée-là a sonné juste ».
Et nous fait part de ses réflexions personnelles« C’est parce que la direction du monde ne nous échappe pas autant que l’on aimerait nous le faire croire qu’il y espoir. Retrouver notre puissance, pas celle qui écrase. Il arrive que l’on demande comment je fais pour garder l’espoir malgré tout. Je réponds simplement que j’ai de l’espoir car j’ai peur et que cette peur, un jour, pourra faire union ». Un ouvrage très plaisant à lire, parfois un peu brouillon, mais convaincant.
