Du fait de la crise, en Espagne, de nombreuses familles se sont retrouvées dans l’impossibilité de rembourser leurs emprunts immobiliers. Or, la plupart, séduites par les promesses des banques, avaient souscrit des crédits hypothécaires truffés de clauses abusives. Résultat : elles se sont vu non seulement saisir leur logement, mais également endettées à vie – voire poussées à la mort. 34 % des suicides en Espagne seraient causés par les tragiquement bien nommées « exécutions hypothécaires ».
Un mouvement citoyen s’est élevé contre cette situation. Durant quatre ans, Ada Colau et ses camarades de la Plateforme des personnes touchées par l’hypothèque (PAH) ont interpellé sans relâche les élus pour réclamer l’annulation des dettes des familles saisies et leur relogement, multipliant manifestations et sit-in, se postant sur le passage des parlementaires avec des pancartes « oui on peut le faire?! ».
Après le dépôt par la PAH d’une ILP (Initiative législative populaire) soutenue par 1 500 000 signatures, le Parlement a plié, acceptant l’annulation de la dette des personnes saisies. Il faut dire qu’en parallèle, la Cour de Justice Européenne, saisie par la PAH, avait condamné le gouvernement espagnol.
Un texte court, qui se lit comme un polar, et met à nu les mécanismes de la bulle immobilière, les pratiques retorses des banques, les complicités administratives et politiques qui ont précipité plus de 400.000 familles dans l’exclusion sociale. Et qui montre que David peut faire plier Goliath.
A noter que Ada Colau est devenue maire de Barcelone en 2015 sous l’étiquette de PODEMOS.