Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, Edition du Seuil, 2018
Dans « Comment tout peut s’effondrer », Pablo Servigne (ingénieur agronome) et Raphaël Stevens (éco conseiller) après avoir décrit de manière la plus scientifique possible les effondrements en cours, avaient commencé une réflexion sur le positionnement personnel à avoir face à ces effondrements. Ce qui les avait amenés à faire le constat de l’importance de faire le deuil d’un monde qui n’existera plus « L’idée selon laquelle les émotions liées à un effondrement puissent se comprendre à travers un processus de deuil représente une vraie libération. Elle fonctionne immédiatement comme un "déclic" qui soulage et permet de se rendre compte que la palette d’émotions qui nous traversent est naturelle ; que ce processus est long, dynamique et complexe et que ça finit par déboucher sur un horizon plus serein, le fameux "stade de l’acceptation ».
Dans « Une autre fin du monde est possible »
accompagné de Gauthier Chapelle (ingénieur agronome), ils poursuivent la réflexion
sur la manière de « vivre l’effondrement
et pas simplement y survivre » – c’est le sous-titre du livre, qui est
plus explicite que le titre- et d’aller au-delà du processus de deuil.
Toujours en gardant la posture la plus scientifique
possible, les auteurs explorent trois grands sujets :
-
L’impact que peuvent
avoir les catastrophes sur notre santé mentale ainsi que les moyens pour s’en
remettre (subir les ondes de choc, reprendre ses esprits, aller de l’avant)
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Les manières de
changer de regard sur le monde pour trouver du sens, ou au moins faire un pas
de côté (intégrer d’autres manières de savoir, s’ouvrir à d’autres visions du
monde, raconter d’autres histoires) « Le défi de changer de récit pour notre
époque est immense, c’est la promesse d’un tremblement de terre »,
-
La problématique
essentielle des liens à tisser avec nous même, entre nous et avec les autres
êtres vivants (tisser des liens, grandir et pacifier). On y retrouve des idées
déjà abordées dans un autre de leurs ouvrages « L’entraide, l’autre loi de
la jungle » et résumé par la phrase des évolutionnistes Edward Wilson et
David Wilson : « L’égoïsme supplante l’altruisme au sein des groupes. Les
groupes altruistes supplantent les groupes égoïstes. Tout le reste n’est que
commentaire. »
Comme leurs précédents
livres, cet ouvrage est bourré d’idées et de références dans lequel le lecteur
pourra butiner« Prenez ce livre comme une visite dans un
immense potager sauvage. Sentez-vous libre de vous balader et de cueillir ce
qui vous attire et de vous renseigner sur ce que vous ne connaissez pas ».